Les Pêcheurs de Bretagne et les professionnels, en partenariat avec les organismes scientifiques comme l’IFREMER, portent ou participent à de nombreux projets scientifiques et techniques innovants pouvant traiter par exemple de technologie des pêches (sélectivité, limitation des captures accidentelles…) sur la qualité des produits (produits vivants, lutte contre les anisakis…). L’amélioration de la connaissance des stocks exploités n’est pas en reste avec de nombreux projets mis en place que nous avons pu présenter dans nos Newsletters:
Appuyer techniquement l’IFREMER et renforcer la collaboration avec les scientifiques pour améliorer la connaissance et l’évaluation du stock de sardine du golfe de Gascogne
Depuis 2017, le Conseil International pour l’Exploitation de la Mer (CIEM) utilise une nouvelle méthode d’évaluation du stock de sardine du golfe de Gascogne (divisions CIEM VIIIabd + Baie de Douarnenez). Comme la plupart des stocks européens, cette dernière est basée sur le suivi et l’échantillonnage biologique des captures de pêcheurs professionnels en vue de modéliser l’évolution du stock.
Particularité de la sardine du golfe, les captures françaises sont très majoritairement réalisées dans des zones côtières par des bolincheurs (71%) et des chalutiers pélagiques (28%) entre le large de la Vendée et la baie de Douarnenez et représentent au total 66% des captures internationales entre 2014 et 2018. Cette activité ne couvre qu’une faible partie de l’aire de répartition totale de l’espèce. L’utilisation des données issues de cette exploitation côtière livre une estimation de la biomasse de reproducteurs très inférieure, de l’ordre de -61% en moyenne, à la campagne acoustique historique PELGAS, réalisée chaque année en mai sur l’ensemble du golfe de Gascogne.
Par ailleurs, quelle que soit la méthode, l’estimation du niveau limite d’exploitation à ne pas dépasser est rendue difficile du fait qu’aucune baisse drastique du stock n’ait été observée ces 20 dernières années. Or, les méthodes utilisées par le CIEM pour estimer ces points de références sont peu adaptées pour des stocks a priori faiblement exploités comme la sardine, ce qui influe sur l’avis scientifique et les processus qui en dépendent (telle la certification MSC). Face à ces enjeux scientifiques et de gestion, l’OP Les Pêcheurs de Bretagne travaille depuis plusieurs années en partenariat avec l’IFREMER pour expliquer ces différences et améliorer la qualité de l’évaluation du stock. L’OP y mobilise même un salarié en appui technique, Gaël Lavialle, recruté en mai 2019 pour remplir cette mission. Parallèlement à de nombreuses pistes de travail explorées pour améliorer le diagnostic du stock, les professionnels bretons de la bolinche ont émis l’hypothèse d’échanges de populations entre la sardine de Manche et la sardine du golfe dans la baie de Douarnenez. D’après les travaux menés en 2019, il semblerait que depuis une dizaine d’années, les sardines pêchées dans la baie grandissent plus vite au début de leur vie que celles du nord du golfe. Ces résultats préliminaires con r- ment les travaux récents démontrant une croissance plus forte de la sardine en Manche. Si ces différences sont susceptibles de brouiller l’évaluation du stock, de nombreux autres facteurs peuvent aussi l’expliquer, comme l’influence de l’environnement local sur la biologie de la sardine qui fait l’objet d’une thèse actuellement en cours à l’IFREMER.