À l’approche des Assises de la Pêches et des Produits de la Mer, Les Pêcheurs de Bretagne (LPDB), la plus importante organisation de producteurs française, dévoile un panorama de la pêche basé sur les données de ses 619 navires adhérents immatriculés de la Normandie au sud de l’Aquitaine. En retenant comme critères la taille des navires, les techniques / engins de pêche, les espèces ciblées, les volumes débarqués et la valeur générée, Les Pêcheurs de Bretagne propose une photographie extrêmement précise de l’état de la production halieutique.
Ce panorama est publié dans un contexte d’attaques récurrentes à l’encontre des arts trainants et plus particulièrement du chalutage de fond. Il met en lumière la diversité des navires qui le pratiquent, son poids économique et les conséquences qu’aurait son interdiction sur l’ensemble de la filière.
Les Pêcheurs de Bretagne est une organisation à l’image de la pêche française : elle réunit et accompagne l’ensemble de la production de pêche dans toute sa diversité. Toutes les tailles de navires et tous les engins de pêche sont représentés au sein des adhérents. Ensemble, ils débarquent près d’un tiers des approvisionnements français en volume, et près de la moitié en valeur.
L’analyse des données permet de constater qu’un peu plus de la moitié des volumes débarqués est réalisé par des navires de moins de 20 mètres, une répartition plutôt homogène avec les navires de taille supérieur à l’échelle de la filière. À la lumière de ces chiffres, on peut conclure que l’équilibre et la rentabilité du modèle de la pêche française repose sur la diversité de sa flottille : le marché ne peut exister s’il n’est alimenté que par des navires de plus de 20 mètres, ou uniquement par des navires de moins de 20 mètres. Il en va de même pour les métiers exercés.
Pour illustrer cette diversité au-delà des chiffres, LPDB publie également un film sous forme d’ode à l’ensemble des métiers de la pêche. Réalisé par Guillaume Gatefait, l’objectif était de donner la parole aux images pour révéler les forces et fragilités des activités en mer. En embarquant plusieurs jours à bord de différents types de navires de la flottille, Guillaume saisit un quotidien qui oscille entre la poésie inhérente au paysage maritime, la dureté du métier et la passion qui anime les pêcheurs.
Alors que les deux espèces préférées des français sont issues de l’importation (saumon et cabillaud), Les Pêcheurs de Bretagne milite pour un changement de leurs habitudes de consommation. Pourquoi privilégier les espèces débarquées par des pêcheurs français ? Pour trois raisons majeures :
- économiques (préserver des emplois, une filière forte et un savoir-faire ancestral)
- écologiques (un poisson pêché par l’une des flottilles les plus réglementées et respectueuses de l’environnement constituant un des apports en protéines animales les plus décarbonnés)
- sociales (qui garantit des conditions de travail et la protection sociale régies par les lois françaises)
Avec plus d’une centaine d’espèces différentes débarquées chaque semaine par les adhérents de Les Pêcheurs de Bretagne, les consommateurs ont l’embarras du choix face aux étals des poissonneries. Alors que c’est un réflexe quand on parle de viande ou de légumes, consommer des produits de la mer français devrait tomber sous le sens. Car grâce à la grande diversité de sa flottille, la pêche française est en mesure de proposer un large éventail d’espèces de poissons frais, et ce pour toutes les bourses !
L’analyse simple des données concernant les navires classés par taille met en exergue la complémentarité des différents segments. En toute logique, les petits navires sont les plus nombreux, et plus les navires sont grands, plus les volumes qu’ils débarquent sont conséquents. Pour que les places de marchés et acheteurs s’y retrouvent, l’ensemble des apports est indispensable.
On remarque qu’aucune espèce d’importance (hormis la baudroie dont le quota n’est jamais atteint par les pêcheurs français) ne coïncide entre les navires de moins de 12 mètres et ceux de plus de 25 mètres, mettant fin au mythe des « grands navires qui pêchent toute la ressource à la place des petits ». On peut aussi noter que les arts trainants (surtout chalut de fond et drague) sont très présents en proportion et ce dès la catégorie des moins de 12 mètres (plus d’un tiers de la flottille).
Le chalut de fond n’est donc pas l’apanage des ‘grands navires’. De nombreux côtiers qui ne sortent qu’à la journée pratiquent ce métier, et ce depuis des décennies. Si le chalut de fond venait à être interdit, on assisterait à la disparition de 5 navires de plus de 25 mètres et 190 de moins de 25 mètres.
La diversité des engins pratiqués au sein de la production française montre bien qu’il existe des pêches et non pas une pêche. Une partie de la flotte est d’ailleurs ‘polyvalente’, elle exerce donc différents métiers en fonction des saisons et des espèces ciblées. On note qu’il n’existe que très peu d’espèces d’intérêt majeur en commun entre les arts dormants et les arts trainants mis à part le merlu commun, la baudroie et le congre.
Ce panorama le met en lumière, le chalut de fond est la colonne vertébrale de la pêche bretonne et donc de facto de la pêche française. Pratiqué par 195 navires (dont 190 de moins de 25 mètres) soit près d’un tiers des adhérents de Les Pêcheurs de Bretagne, cet engin représente près de la moitié des apports en valeur (48 %) et 42 % en volumes. Il est faussement associé à ce que certains appellent ‘la pêche industrielle’. Le chalut de fond est l’outil de travail n°1 de la pêche artisanale bretonne.
Son interdiction et l’uniformisation des techniques de pêche seraient une catastrophe pour la ressource, pour les pêcheurs et pour les consommateurs : l’effort de pêche se concentrerait sur quelques espèces et quelques zones, créant une nouvelle pression sur les poissons ciblés et des impossibilités de cohabitation entre professionnels. L’offre perdrait en variété et les prix exploseraient, faisant du poisson frais un aliment réservé à une élite fortunée.
« La pêche est victime des fantasmes qui lui collent à la peau depuis des dizaines d’années. Peut-être parce que les professionnels n’ont pas toujours su faire preuve de pédagogie autour de leurs activités. En tant qu’Organisation de Producteurs, c’est ce travail que nous amorçons : donner les clés de compréhension de la filière au travers d’éléments factuels pour tordre le cou aux idées reçues. Ce panorama orienté sur l’aspect technique et économique de la production sera complété dans les mois à venir par des communications équivalentes sur les sujets qui sont dans le débat public. Nous avons un objectif : remettre les pêcheurs au cœur des discussions sur la pêche. »
Yves Foëzon, directeur de l’Organisation de Producteurs Les Pêcheurs de Bretagne
Contact presse : Alexandre Borreil / aborreil@aya-communication.fr / 06 76 32 27 69
Communiqué disponible au format pdf ici