LE NAUFRAGE DE LA FRANCE
Stupéfiant, scandaleux, révoltant… Ces qualificatifs sont encore trop faibles pour résumer les décisions du Conseil des ministres européens et le compromis signé dans la nuit du 17 au 18 décembre dernier. Lors des discussions annuelles sur les quotas, la délégation française a tout simplement cédé à la pression de la Commission et de ses homologues irlandais en acceptant des mesures techniques sorties de nulle part !
Testées sur très peu de traits par des navires irlandais, ces modifications techniques n’ont jamais fait l’objet d’une évaluation par le CSTEP (Comité Scientifique Technique et Économique des Pêches et nous apparaissent en outre contreproductives pour la sélectivité de certaines espèces. Selon les tests opérés par les Irlandais sur les principales espèces ciblées par les navires français, les pertes se chiffreraient à 12,9 M€ soit 44% de pertes de chiffre d’affaires !
La délégation française menée par le ministre en charge de l’Agriculture et de l’Alimentation se satisfait pourtant d’avoir repoussé de 5 mois l’entrée en vigueur des nouvelles mesures, “c’est le maximum qu’on pouvait faire ” et de dire aux professionnels : “ vos arguments n’étaient pas les bons et vos propositions pas assez ambitieuses ”. C’est un point de désaccord profond que Les Pêcheurs de Bretagne ne peut accepter. En réalité, l’administration française s’est trouvée “isolée ” par manque de préparation et d’anticipation.
Autre point noir : la “ trêve de Noël ” a été mise à mal par l’Administration au sujet du plateau de Rochebonne. Elle a jugé bon de communiquer par voie de presse sur la relation entre le non-renouvellement des autorisations de pêche sur Rochebonne et un prétendu effet positif sur la ressource de bar ainsi que sur les captures accidentelles de dauphins… Effet d’annonce et récupération politique quand les éléments scientifiques démontrent une très faible activité sur la zone ainsi que l’efficacité des pingers utilisés par cette flottille.
Le Conseil d’administration de Les Pêcheurs de Bretagne exprime aujourd’hui “ une défiance totale vis-à-vis de son administration de tutelle, de ses partenaires européens, des autres Etats membres et de la Com- mission européenne ”. Nous nous interrogeons aujourd’hui plus que jamais sur la réelle capacité de la France à défendre les intérêts des pêcheurs français, qui plus est dans un contexte de négociation du Brexit ultra complexe.
Malgré ces questions, nous tenons à réaffirmer haut et fort toute la confiance que nous avons dans nos adhérents et les professionnels de la mer en général. Même si les pêcheurs sentent de plus en plus le poids de l’incompréhension et du doute peser sur leurs épaules, ils aiment leur métier et continueront à être force de proposition. Et si la Commission commençait à les écouter…? Et si 2020 marquait en n le début d’un dialogue constructif ? Un vœu très cher que nous souhaitons partager avec vous pour cette nouvelle année…
Soazig Palmer – Le Gall
Présidente du Conseil d’administration de Les Pêcheurs de Bretagne
SOMMAIRE DE NOTRE LETTRE D’INFORMATION DU MOIS DE JANVIER 2020 :
Dossier « Conseil des Ministres » : Synthèse des TAC 2020 et focus sur les nouvelles mesures de sélectivité imposées aux chalutiers de mer Celtique
Interview de Pierre Karleskind, député européen
Zoom sur un produit de saison : la coquille Saint-Jacques
News
Portrait de Cédric Batogé, coquillier à Saint-Quay-Portrieux
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Newsletter LPDB n°25 – Janvier 2020