Lettre d’information N°33 – Septembre 2023

L’heure est grave. A presque 1€ le litre de gazole, le modèle d’exploitation de nos chalutiers arrive à l’asphyxie. Pour notre seule organisation, nous parlons des équipages, hommes et femmes qui manœuvrent 247 navires capables de débarquer sur une année près de 50 000 tonnes de poissons, avec à la clé 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. Que la moitié de ce résultat doive servir à payer les factures de carburant, c’est intenable.

Si nous voulons encore des aliments sains et produits localement, il y a urgence. La menace d’un effondrement a été franchie, non seulement pour la profession mais aussi pour toute l’industrie halieutique qui maille nos territoires : structures portuaires, ateliers de marée et transformateurs qui dépendent pour une grande majorité de l’activité de ces pêcheries. Malgré les aides du gouvernement, la plupart des armements ont épuisé leur trésorerie, en particulier ceux qui possèdent plusieurs bateaux qui ont été sciemment discriminés. A ce rythme, la décarbonation de la pêche française va aller très vite car il n’y aura plus un seul chalutier pour aller en mer.

Au prix de très lourds sacrifices, les pêcheurs professionnels se sont déjà fortement engagés vers une amélioration de leurs pratiques et une limitation de leur empreinte environnementale. Nous sommes plus que jamais unis et investis dans ce combat. C’est désormais aux responsables politiques de prendre clairement position au-delà des visées électoralistes. Les pêcheurs français ont besoin de visibilité sur le long terme et d’un accompagnement sans faille pour mener à bien leur transition énergétique. La France doit affirmer leur défense au niveau communautaire avec davantage de conviction et de constance. Voilà pourquoi c’est aussi, pour notre modèle de société, une heure de vérité.