Depuis 2016, le thon rouge a largement fait son apparition dans les eaux ligériennes et bretonnes que vous fréquentez. Vous êtes nombreux à nous interroger sur les modalités de gestion de cette espèce qui suscite beaucoup de convoitise. Voici quelques clés de compréhension.
Le thon rouge est géré par l’ICCAT, une organisation internationale de gestion des pêches, compétente pour tous les thonidés présents dans l’océan atlantique. Les mesures de gestion sont conjointement décidées pour l’Atlantique Est et la Méditerranée, et adoptées à l’unanimité d’un très grand nombre de pays concernés par cette pêcherie : depuis le pourtour Méditerranéen jusqu’à l’Islande, mais aussi, le Japon ou la Corée qui disposent de droits de pêche historiques. Au sein de l’Union Européenne, 8 États Membres disposent de quotas et a contrario certains, comme l’Irlande par exemple, n’en n’ont pas.
Des mesures de gestion draconiennes ont été adoptées à la fin des années 2000, alors que le stock était supposément en voie d’extinction (très faibles quotas, contrôle, traçabilité, période de pêche) dont certaines sont d’ailleurs encore applicables aujourd’hui.
Ces contraintes ont porté leurs fruits, puisque les opportunités de pêche ont pu être doublées au niveau international entre 2015 et 2020. Le quota français est ainsi passé de 3000 à 6000 tonnes sur cette période !
Toutefois, du fait des règles de répartition des quotas en vigueur en France (90% pour la Méditerranée et seulement 10% pour l’Atlantique), cette augmentation de quotas a été relativement limitée en valeur absolue pour notre OP, représentant environ 180 tonnes sur cette période.
Le quota LPDB est relativement stable depuis 2020, principalement influencé par les mouvements de navires entrant/sortant. Historiquement il faut rappeler que depuis que l’OP existe (dans les années 1970), les seuls navires qui avaient des opportunités réelles et régulières de captures du thon rouge étaient ceux qui ciblaient le germon ; le thon rouge a toujours été une capture accessoire de cette pêcherie. C’est pourquoi le plan de gestion prévoit une allocation individuelle pour les chalutiers pélagiques. Les débarquements de de nos adhérents disposant d’une AEP thon rouge pour les métiers de l’hameçon sont autorisés dans la limite de 24 tonnes. Une partie de notre quota est enfin réservée aux captures accessoires, c’est-à-dire pour nos adhérents non détenteurs de l’AEP. Il faut remarquer que depuis l’apparition du thon rouge à la côte, en 2015- 17, l’OP et ses adhérents « historiques » sur cette maigre pêcherie, ont fait évoluer progressivement les règles de partage pour élargir les bénéficiaires; mais cette volonté a forcément ses limites dans un contexte où l’augmentation des demandes et de la ressource progresse tellement plus vite que le quota alloué à LPDB…
Nos possibilités de pêche sont extrêmement contraintes. Nous disposons ces derniers temps d’un peu plus de 200 tonnes de quotas, alors que nos besoins sont estimés être au moins 3 fois supérieurs. Par ailleurs, un gel du nombre de chalutiers pélagiques a dû être mis en œuvre du fait de nos contraintes quotas sur le germon, et la délivrance de nouvelles autorisations pour les métiers de l’hameçon n’a pu être réalisée que lorsque des licences étaient rendues disponibles au niveau national, et en cas d’augmentation du quota français.
En 2022, de nombreux travaux concerneront le thon rouge à l’ICCAT, avec une évaluation du stock, et l’adoption d’un nouveau mécanisme pour la fixation des possibilités de pêche. Nous espérons que les augmentations de biomasse détectées par les scientifiques puissent se concrétiser par de nouvelles augmentations des possibilités de pêche, pour pouvoir répondre au mieux à toutes les sollicitations que nous recevons.
Précisions sur la pêche accessoire
De nombreuses questions nous ont été adressées concernant la pêche accessoire. De manière surprenante, ces captures accessoires ne sont pas autorisées pour tous les engins. Elles sont ainsi interdites au chalut de fond, au filet, ou à la bolinche. Pour les ligneurs côtiers, un dispositif national théorique prévoit des possibilités de pêche accessoire allant jusqu’à 5 poissons par an, limité à un par jour. Toutefois, et à notre grand regret, aucun élément de cadrage opérationnel n’est venu préciser son application. D’un côté, pour cibler et débarquer de telles captures accessoires, il faudrait s’être renseigné et organisé pour pouvoir respecter toutes les contraintes administratives (préavis de débarquement, port désigné, logbook, eBCD..), alors même que les règlements prévoient que la pêche ciblée n’est possible que lorsqu’une Autorisation de Pêche a été émise… Depuis que ce dispositif existe, nous n’avons cessé de demander des précisions à l’administration, y compris de manière très opérationnelle. A ce jour, nous ne savons ainsi pas si le fait de d’utiliser des cannes à thon sans AEP est autorisé ou non, et nous ne pouvons que craindre des verbalisations du fait de ce manque de coordination.