L’épisode Covid-19 qui a enclenché le confinement de la France le 16 mars 2020 est une crise d’une ampleur inégalée qui a entraîné une sollicitation record du mécanisme d’intervention de l’OP sur les marchés.
Alors que l’OP engage habituellement à cette période de l’année entre 20 et 40 k€ d’achats hebdomadaires, ce sont plus de 400k€ qui ont été dépensés sur cette seule semaine (voir graphique ci-dessous). C’est 10 à 20 fois plus que d’habitude, soit 30 à 40% du budget annuel habituellement consacré à ce poste de dépense. La fermeture de la plupart des magasins de marée à la fin de cette semaine 12, faisait craindre un niveau d’intervention encore plus élevé par la suite qui aurait englouti la totalité du budget annuel en seulement deux semaines.
L’ensemble de la filière a très vite compris qu’il s’agirait d’une crise longue dont les répercussions perdureraient au-delà du confinement ; encore aujourd’hui on ne peut pas considérer que « LE » marché soit revenu « à la normale ». Pour des productions dépendantes de certains marchés comme la restauration ou destinées à l’export vers l’Espagne, l’Italie ou ailleurs, la reprise se fait encore attendre.
Gérer les capacités d’intervention sur la durée a été l’un des objectifs de l’OP dès le début de cette crise.
- 60% des achats OP de la semaine 12
- Principalement sur les hauturiers (GV, LO)
- Jusqu’à 15-18k€ par bateau certaines semaines (l’équivalent d’une à deux années de cotisations pour ces navires)
- Constitution d’un stock congelé qui reste à valoriser et qui pourra peut-être atténuer une partie des coûts d’achat/transport/transformation/stockage
- 9% de la valeur totale des raies mises en vente
- Principalement sur les fileyeurs côtiers (AD, BR, MX) et chalutiers hauturiers
- Jusqu’à 5k€ par bateau certaines semaines (l’équivalent de deux à trois années de cotisations pour ces navires)
- Principalement à GV, LC, LO
- Jusqu’à 4k€ par bateau certaines semaines (l’équivalent d’une année complète de cotisations pour ces navires)
- Principalement sur les fileyeurs côtiers (sud Bretagne) et chalutiers hauturiers (LO, SB)
- Jusqu’à 6-8k€ par bateau certaines semaines (l’équivalent de trois années complètes de cotisations pour ces navires)
Nota : Les efforts d’anticipation et de gestion de certaines flottilles ont permis de limiter l’ampleur des interventions pour des productions particulièrement touchées par la crise. C’est le cas notamment du turbot dont la pleine saison pour les fileyeurs du Nord Finistère coïncidait avec la période de confinement et de fermeture des restaurants, leur principal débouché. La limitation des apports convenue avec les navires concernés a permis de vendre les volumes débarqués.
Pour la lotte, les raies et même le merlu, différents métiers (fileyeurs, chalutiers) et différentes flottilles (hauturiers, côtiers) sont concernés. Un grand nombre de segments parmi les adhérents ont donc connu des invendus lors de la période.
Achats OP par navire
Lors de la crise Covid-19, entre le début du confinement le 16 mars et la fin juin, les achats OP ont concerné 450 bateaux dont 70 hauturiers et 380 côtiers.
L’ampleur inégalée des interventions se perçoit dans le volume que l’OP a dû prendre en charge sur certains navires dont les productions étaient principalement impactées (lotte, merlu…).
Certains adhérents toutefois ne sont pas concernés par ce système d’achats de l’OP, crise ou pas:
- les adhérents qui vendent sous criées où l’OP n’a pas d’ordres d’achats pour des raisons logistiques liées à leur éloignement, comme en Nouvelle-Aquitaine ou en Normandie
- les adhérents qui vendent de gré à gré en France (crustacés par exemple) ou en Europe (merlu en Espagne par exemple) ou en direct au consommateur.
Ces navires qui sont en nombre significatif au sein des adhérents, trouvent d’autres intérêts dans leur adhésion à l’OP, en particulier la gestion des quota, l’accompagnement et l’assistance dont ils bénéficient (voir article « L’Union fait la force »).